[...] À quoi bon vos étincelles,
Bleus saphirs, sans les yeux doux ?
Les diamants, sans les belles,
Ne sont plus que des cailloux ; [...] -
Victor Hugo Les femmes sont sur la terre

- Poème


Je suis amoureux·se d’une pierre.
J’aime une pierre. Un rocher, sur le bord de mer.
Léchée par l’eau l’environnant, luisant au soleil, et terne aux nuages, elle se dresse, robuste, face à l’érosion.
Aperçue non loin d’une plage, elle m’a tout de suite attiré l’œil, et plus je m’en approchais, plus cette impression se confirmait.
Je l’aimais. Et rien ni personne n’y changerait quoi que ce soit.

De là, cela commence.
Dès que je peux, je vais la voir.
Je contemple la mer en sa compagnie. Je m’assois à son côté, et je regarde l’horizon.
Je ne la touche pas.
Je regarde, en sa compagnie.
Et divague, en compagnie des vagues, et du remous, qui vient entourer mes pieds.
Je lui parle, parfois.
Rien de bien intéressant, pourtant.

Je promène ma main dans le sable humide, je dessine des motifs du bout de mes doigts.
Des arabesques se créent autour d’elle.
Et je la laisse, parfois, comme ça. Seule, sur la plage, alors que je vais me coucher, et qu’il fait nuit noire depuis longtemps déjà.
Cela disparaît vite, mais mes sentiments restent. C’est bien la moindre des choses que je puisse faire.
Impossible, me direz-vous.
Totalement réel, je vous répondrais.

Agréable, mes sentiments ? Sans doute, pourquoi en serait-il autrement ?
Naïf moi ? Je ne vois pas ce qui vous fait dire ça.
Véridique, cette histoire n’est pas des plus classiques.
Me satisfera-t-elle ? C’est pour ça qu’elle est belle.
M’aimera-t-elle ? Impossible, c’est une stèle.



~Poésie 


2021

Une pierre est aimée.