Scent of the sea and fragrance of the fields; spell of the dark woods and joy of the orchards and gardens at dawn. These, Randolph Carter, are your city; for they are yourself. New-England bore you, and into your soul she poured a liquid loveliness which cannot die. This loveliness, moulded, crystallised, and polished by years of memory and dreaming, is your terraced wonder of elusive sunsets... -
Howard Philips Lovecraft The Dream-Quest of Unknown Kadath

- Poème


 

D’une nuit sans rêve je me réveille, d’une infinité non explorée je sors, resté devant la porte. Le soleil pointant sur mon visage m’éblouit et me permet de refermer les deux. Rien. Pas un souffle de rêve indépendant de ma volonté. Uniquement ces pensées, ces fleuves qui se diluent les uns dans les autres. Assez de cette pauvresse endormie, le galet n’entrechoque que l’autre galet tombé de la cascade. Dis-moi l’heure, je dois poindre et les rouvrir. J’ai besoin du calme bruyant propre à la feuille non-influencée, à ce souvenir peu enlisé. La banalité de ce que je vois explose, et ce sont les oreilles qui s’étreignent et implosent. Le tronc surmontant la montagne n’est qu’ombre sur la rivière, coup sur le rocher. Isolation forcée mais désirée, côté sonore bruyant et grandiloquent, la mesure a beau être mesurée, le chœur ne saurait s’arrêter. Soutiens et joue, en toi, sortiront, les hallucinées dont tu ne sembles pas rêver. Et pourtant, dans l’oubli réside la peur de son caractère. La peau morte a beau s’arracher, le cuivre n’est pas inutile. A la surface, apparaît l’herbe et les diverses maisons. En la mer, réside l’inconnu imaginé, développé et enflé. Les créations se bousculent, certaines dont l’inexistence ne pourrait être doutée, d’autres dont l’excroissance nous paraît bien trop grande pour être fruit d’un quelconque arbre. Et pourtant, tu es persuadé que ce que tu penses est au moins en partie vrai, que cette possibilité n’est pas à écarter. Que la veine bleue sanguinolente en-dessous de toi n’est pas seulement faite pour être gelée. Rencontre inévitable et imminente, déjà disparue cependant, et rattachée à une fresque sans pareille, au fin-fond d’une myriade sibylline et abjecte de féérie contraire. La redescente est longue, trop longue. Tu n’atteins pas la surface mais le dessous de la sphère. L’antre rosacée que tu apercevais n’était qu’instant de la partition, et instinct de ta fausse-érudition, camarade de bêtes et autres capharnaüms. Seule la dissonance et l’extrême deviennent l’ineffable, et l’objectif atteint par moments paroxysmiques. Tu traverses la salle en regardant partout sans distinguer ne serait-ce que le centième de la distance et du conte. Tant de gâchis, tant de peur, tant de terreur, tant de lourdeur. Avances, encore et bute contre ce mur qui te fait obstacle, sans les reliefs runiques dépictant monts et merveilles, ces inconnues hallucinées dont tous taisent le secret. Tu vois, tu arrives à rêver. Profite de la fin désormais.

Poésie
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2019

Poème.

Publié dans le recueil Part-Time Poets